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15 octobre 2008 3 15 /10 /octobre /2008 13:50

















J’avais découvert l’Australie il y a dix ans, en septembre 1998. Voyage de presse : 2 jours de congrès médical, huit jours de tourisme (oui, beau métier 
J ) bref survol pour cet immense continent, mais suffisamment marquant pour que je fasse de l’Australie et d’un bel aventurier australien les héros de la moitié des « Latitudes amoureuses », que je vais relire.






















Je m’étais promis d’y retourner un jour, quand j’aurais du temps et des moyens. Et puis, en peu de temps, j’ai vu disparaître ou tomber malades assez d’
amis encore jeunes pour décider de prendre tout de suite le temps et de mettre dans ce voyage mes économies qui de toutes façons fondaient comme beurre dans la poêle des cuistot de la finance… Cela impliquait que ce ne serait pas du tourisme, mais un voyage. Avec train, bus, marche, sac à dos, hébergements simples.



















Premières impressions,
sans koalas, ni kangourous, mais ça viendra ensuite !




  





  L’espace: ici tout est grand, les paysages, les camions,














les steacks,  les plantes,

les animaux, la gentillesse : friendly, really. Avec une façon toute british et non américaine de s’enquérir de votre bien-être, de vous souhaiter « enjoy your day » et de sourire. Ca donne de l’air !









Le Ghan, train qui va d’Adelaïde à Darwin en 50h, on s’est arrêté au milieu, à Alice Springs après 24h. Son emblème, le chameau (dromadaire en fait) rappelle que les Afghans sont venus en Australie et y ont apporté des chameaux, qui ont peu à peu muté en une race plus grande, adaptée au continent. On croise des chameaux et des chevaux sauvages dans le bush…















« 60% des australiens sont d’origine Irlandaise nous dit un chauffeur de taxi, ça fait 60% de fous ! »






  



 











En tout cas de fous d’Irlande, avec des pubs, des gueules intéressantes et des cornemuseux en pagaille.
















On a croisé un québécois venu disputer des championnats du monde de cornemuse. Et comme il a trouvé un logement et un boulot en trois semaines, il a décidé de rester, ce pays étant « moins frette » que le sien : l’hiver a été très rude à Montréal cette année.                                                                                                                                   












 






Ville de contrastes: à Brisbane, face à la City hyperurbanisée, des "climbers" fous excaladent des roches dès la tombée de la nuit dans une lumière dorée magique, tandis que d'autres courent à la limite de l'infarctus.


Instant de grâce parmi d'autres, au crépuscule à Sydney, un guitariste Tasmanien nous tient sous le charme de ses doigts d'une vélocité hallucinante.

http://www.dailymotion.com/a/joueraumonde/a6ec31baea

 

Le pont de Sydney, un soir...


 

A Kangaroo Island, un espace appelé "little Sahara" avec un incroyable sable fin

 






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12 octobre 2008 7 12 /10 /octobre /2008 10:10







   











Je ne sais plus qui a dit: "Le meilleur moment du voyage, c’est avant le départ », tout comme « le meilleur de l’amour, c’est quand on monte l’escalier ». Retour avant-hier après vingt-cinq heures de voyage,
sans tristesse « post coïtum » mais avec l’étrange impression d’avoir rêvé ces cinq semaines si denses. Heureusement qu’il y a 19h de films, 500 photos et un gros cahier de notes pour être sûre que oui, on l’a vécu.








Donc, besoin de décanter avant d’en parler. Voyager bouscule les repères habituels, change de place la lampe qui éclaire notre perception du monde, et met en lumière des zones inexplorées.  Quand on entend « hier, on eu du vent du sud, la température a chuté de 10 degrés en quatre minutes », il faut quelques secondes pour réaliser qu’en Australie, le vent du sud vient de l’Antarctique. Ca lave la tête et relativise les choses.

Kangaroo Island, de purs paysages





  






Lauranne à Remarkables Rocks



   





















La sieste des lions de mer


















Le sable de Rainbow Beach, plage à l'infini


 
















Partie d'échecs à Sydney


















Pont de Sydney, fin de journée


















Koala enfin réveillé!


















Un "trou d'eau" (waterhole) près de Glen Helen, dans le Bush



















Le  Ghan, 24h de train entre Adelaïde et Alice Springs

























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15 août 2008 5 15 /08 /août /2008 00:16

Je délaisse ce blog pour apprivoiser mon premier appareil photo numérique. Pas par envie, à vrai dire, j’adore mon argentique que je maîtrise bien, mais vu la difficulté à trouver de bons labos pour développer les pellicules, vu quelques projets où j’aurais besoin de mitrailler, le numérique s’est imposé. Cependant je conserve l’argentique, l’un et l’autre ne font pas plus double emploi que les 33T vinyl et les CD. ( Concerto n°1 de Tchaïkovski dirigé par Karajan  sur vinyl et sur CD :  l’un a plus de rondeur, l’autre plus de claquant). Apprivoiser la bête nécessite de lire le mode d’emploi. 118 pages détaillent des perfectionnements dont l’utilité m’échappe parfois, comme les menus différents selon qu’on photographie- je cite- un bébé, un grain de peau, un paysage de jour, de nuit, au crépuscule, un animal domestique (et pour les animaux sauvages, on fait quoi ?) de la nourriture, du sable, de la neige, une fête, et j’en passe. Génial, mais le temps de tourner la molette adéquate, le sujet a disparu. J’en sais quelque chose, j’ai pris hier trois photos de queue de chat ! Le temps de régler le programme, la bête avait fui.
En plus de ces multiples réglages, moult avertissements « Warning ! » rappellent qu’il ne faut en aucun cas verser de l’insecticide sur l’appareil, le plonger dans une baignoire pleine ou poser dessus des bougies allumées ! Une notice moderne est un texte quasi surréaliste et une bonne évaluation de la connerie humaine, puisque chaque conseil « Warning » suppose un risque contre lequel la firme veut se prémunir pour ne pas risquer de procès.

Mon tout premier appareil photo, milieu des années soixante

Reste heureusement la photo. Magique. Je m’esbaudis de recevoir en quelques secondes sur Skype des photos venues du bout du monde, mais c’était également magique, quand je développais des pellicules noir et blanc dans l’obscurité d’un placard que nous avions transformé en labo, de voir apparaître l’image dans le bain de révélateur. Avec parfois des détails inattendus, comme dans le film « Blow up ». Magique de retrouver, coincée au fond d’un tiroir, un cliché dont on se demande qui est cette belle femme dansant le tango, qui sont ces gens qui lèvent leur verre et sourient ? Comment ont-ils laissé une trace chez nous ? Sont-ils vivants ou morts ? 


1965: ma petite soeur sur les épaules de ma grande soeur, mon grand frère, et moi à gauche. Les parents en avaient fait une carte de voeux. Z'étaient modernes!




Les trois mêmes soeurs en 2008, et leur nièce





Les romans de Patrick Modiano débutent souvent par une photo sur laquelle le héros se penche en se demandant qui est la belle jeune fille qui… ou en se remémorant cette ancienne, si ancienne histoire d’amour que l’héroïne doit être à présent bien chenue. Est-ce plausible avec des photos sur écran ou CD ? Pas sûr.  Le contact charnel, tactile avec les photos sur papier les rend différentes des photos virtuelles. Exactement comme on a un rapport de lecture différent avec un texte sur écran ou un texte imprimé. C’est pourquoi je continue à  écrire sur des carnets et à faire des albums de photos sur papier… Feuilleter ces albums, c’est prendre le temps de réaliser ce qu’on a vécu, les gens que l’on a croisés, avec qui on a vécu, aimé, travaillé, voyagé… dont la seule photo fait ressurgir des tranches de vie datées d’après le format des clichés, la qualité des couleurs, la marge blanche ou crantée autour, le sépia ou le noir et blanc.  C’est renouer avec le fil du temps, avec la conscience de l’éphémère comme de la durée.
Hier, je parlais avec un homme des choses que l’on ose ou non faire. Chaque rêve réalisé, me dit-il, devient un fragment de notre patrimoine de vie. Patrimoine immatériel, certes,  mais léguable à travers des photos ou des écrits.  On photographie les bébés et on a raison, car ils n’auront nul souvenir conscient de leurs deux ou trois premières années alors qu’elles sont essentielles pour leur futur affectif.  J’ai écrit pour chacune de mes filles le journal de leurs trois premières années, au jour le jour, à la première personne comme si c’était elles qui parlaient. Histoire de leur léguer la mémoire de leurs débuts, que nul autre que nous ne pouvait leur offrir.  

J'ai trente ans aujourd'hui 8 décembre 1998 mardi
J'ai trente ans et je n'ai jamais eu d'accident de voiture
Je n'ai jamais suivi une vraie prostituée dans une chambre d'hôtel
Je ne me suis jamais laissé pousser la barbe ni déguisé en femme
Aucun de mes parents n'est mort
Je n'ai jamais volé d'article dans les magasins
Je ne suis jamais allé en Afrique
Personne ne m'a agressé physiquement dans la rue
Je n'ai jamais tué un animal pour le manger
Je n'ai jamais fait l'amour avec deux femmes à la fois
Je n'ai jamais tué personne même si j'en ai eu envie souvent
Je n'ai pas construit de maison
Je n'ai participé à aucune guerre
D'ailleurs, j'ai même pas fait l'armée
J'ai trente ans et je suis un enfant
(chanson de Philippe Katerine) 

Amusant de voir ce qu’on a fait dans cette liste… et d’y ajouter la sienne.

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1 août 2008 5 01 /08 /août /2008 13:09


Torpeur estivale, bonheur de journées à plus de 30°, qui donne aux soirées une douceur rare et le plaisir de se promener à minuit bras et jambes nus
sans avoir froid. En profiter, cela dure à peine, c’est déjà fini à l’heure où j’écris, l’orage de la nuit a rafraîchi l’air. J’espère que le mois d’août n’a pas dit son dernier mot, surtout en cette exquise décade du 2 au 12 août, la plus calme de l’année : téléphone presque muet, rues tranquilles, pas alanguis des touristes, rythme nonchalant des travailleurs d’août qui prennent le temps de vivre. A la pause déjeuner, ils se pressent nombreux à la piscine et au solarium,  vite déshabillés, vite rhabillés, un pur bonheur !  (quiconque a essayé de renfiler des collants sur des jambes humides en allant à la piscine l’hiver sait de quoi je parle)

Après le bureau, le pique-nique devient un art de vivre à Paris ou ailleurs : on déplie sa nappe, on trinque, on bavarde à mi-voix, c’est enfin possible quand les automobiles se font plus rares et que le vacarme urbain cède la place au cliquetis des roues de vélos. Vie simple, peu chère, délicieuse. Inutile de se ruiner en douches cascadeuses: un gant humide passé sur le corps à intervalles réguliers procure une exquise sensation de fraîcheur. Ca peut se faire partout : au bureau, chez soi, presque dans la rue. Rue où par ces temps torrides tout est permis : on n'a jamais vu autant de robes séduisantes, de nombrils en goguette, de jambes fines et dorées. La chaleur a décidément du bon. Somnolence, mais aussi alanguissement, assouplissement de muscles d'ordinaire raidis par l'humidité, odeurs corporelles dont on s'aperçoit qu'elles peuvent être- si on garde une hygiène normale- délicieusement stimulantes. Sensation de la sueur glissant le long du dos. Animale ? Oui, mais tellement sensuelle. Siestes crapuleuses d’après-midi, « café du pauvre » d’autant plus généreusement offert qu’on a enfin le temps.

L’été, tout se goûte au ralenti. Le silence d'un quartier piéton, ponctué de voix tranquilles venant d'une fenêtre ouverte, l'odeur du foin coupé, la quiétude d'un retour nocturne à bicyclette sur les quais déserts, l’impression d’être constamment dedans-dehors et dehors-dedans. On sort en s’habillant à peine, l’extérieur devient une prolongation naturelle du chez soi. Jusqu’au surréel parfois. Lors d’une précédente canicule, j’ai vu un soir un homme sortir d’une maison torse nu et pieds nus, une serviette nouée autour des reins, comme s’il s’apprêtait à entrer dans sa salle de bain et s’était trompé de direction. Je l’ai suivi des yeux, puis il a tourné à gauche en bas de ma rue. Je me suis précipitée pour voir où il allait, mais il avait disparu, happé dans une faille du continuum spatio-temporel. Je suis retournée sur mes pas et ai entendu, venant de nulle part, une voix de basse en sol majeur murmurer : « Bonsoir ».

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8 juillet 2008 2 08 /07 /juillet /2008 22:30

« Tu voyages seule ? Tu n’as pas peur de t’ennuyer ? » Non, j’emporte des livres, de quoi écrire, de la musique… Le premier jour, lecture sur la terrasse sur fond de musique, face à la mer. Ca repose, mais j’ai le cerveau encore lourd, j’suis partie quasi HS.  Le second jour, exit la lecture, juste un peu de musique et la mer. Le troisième jour, rien que la mer. Et là, je sens que tout redevient fluide, les pensées touffues et confuses se remettent à circuler, les idées à venir, roses et non plus moroses. Pour les fondus d’informatique, je dirais que j’ai l’impression d’avoir défragmenté mon disque dur et fermé le trop-plein de programmes.  Le cerveau ne rame plus, il retrouve sa rapidité.

Plaisir de la lenteur qui rend rapide… alors qu’on passe d’ordinaire son temps à tourner en rond comme une mouche affolée, à entamer mille choses à la fois, répondre au téléphone en lisant ses mails, manger en écoutant des infos bonnes à couper l’appétit, chercher ses clés dans le frigo et la poubelle parce qu’au moment de partir on a eu un petit creux,  puis qu’on a pris le sac poubelle pour le mettre dehors et qu’au dernier moment on ne sait plus si on a mangé un fruit, un pot de yaourt vide ou ses clés.

Regarder la mer, observer un cordage, un caillou, un bateau. Devenir soi-même minéral, liquide, fluide, loin du fracas et du vacarme. Retrouver le plaisir de la solitude… Grignoter à une terrasse une « melitzanasalata » en écoutant souffler le meltem.




Le soir, après la douche, je vais me faire de nouveaux
amis.  Robe d’été et sandalettes, ballade sur le port, abordage pacifique de voileux venus de partout.  On parle du vent qui ne faiblit pas, des îles qui valent le coup, du picrate local un peu madérisé…  C’est ainsi que j’ai passé trois jours en compagnie de Heather, américaine vivant à Athènes, prof et chanteuse lyrique amateur et Yorgos, échographiste et spécialiste de la naissance en douceur avec qui j’ai parlé de l’influence de l’euro et du libéralisme sur la santé en Grèce (tout ceci en anglais, I’m very proud !). J’ai emmené à la pêche aux oursins leur pote Gilad, beau gosse né il y a 32 ans en Israel, qui après des études en Californie s’est installé à Barcelone puis a décidé, profitant d’un temps de chômage, de faire le tour d’Europe à vélo. Il a laissé sa bécane à Athènes pour passer quelques jours avec ses amis. Dans le voilier voisin, Jean-Claude, retraité de région parisienne, fait un tour de Méditerranée et m’a fait découvrir un livre poignant dont je parlerai ici.  Mes trois nouveaux amis partis, un couple de Belges qui depuis deux ans refont le voyage d’Ulysse à la voile m’a donné plein de tuyaux sur ce voyage qui tente mon cher et tendre.  Rencontré ensuite Corinne et Sophie, comédienne et metteuse en scène, que je reverrai sûrement à Paris.

A Folegandros, retrouvailles avec Richard et Christine, que je vois plus facilement en Grèce qu’en région parisienne !  Nage en pleine mer de trois quarts d’heure, moult tavernes délicieuses, discussions sous les tamaris, découverte d’un Limoncello fait maison par un couple d’italiens amoureux de la Grèce avec qui nous discutons en anglais (c’est décidément l’esperanto d’aujourd’hui), puis d’une famille de brésiliens non seulement francophones mais amoureux de la littérature latine et française. Leur fille est étudiante à Paris, elle saute de joie quand je lui propose de l’héberger le week-end, histoire de quitter la pollution et d’aller pédaler en forêt.


J’ai quitté la Grèce avec plein de nouvelles adresses dans mon carnet. Les dernières d’un gentil couple jeune et sympathique rencontré sur le ferry me ramenant au Pirée.  A chaque escale, je ne me lasse pas de voir avec quelle habileté les marins lancent l’amarre et stoppent l’énorme bateau  juste au bord du quai, dans une giclée d’écume et un gémissement de ferraille.  Eux aussi s’émerveillaient du spectacle, on l’a  goûté ensemble.

Arrivée à 2h du matin. Le café quasi service public ouvert 24h/24 propose consignes pour les sacs, téléphones, toilettes et nourritures en tous genres, avec cette précision ravissante : « Consommer n’est pas une obligation ». J’y passe une heure devat un café frappé à observer le va-et-vient des énormes ferries qui ne cesse jamais. Puis me balade, sac au dos et en tongs par 25° à 3heures du matin, pour regarder vivre la ville la nuit.  Humer les odeurs, écouter les bruits des conversations nocturnes, des voitures glissant sur le bitume, des chattes amoureuses. « Mon Dieu que j’aime ce port du bout du monde, que le soleil inonde, de ses reflets dorés ».

Arrivée à 4h à l’aéroport, l’enregistrement du vol n’ouvre qu’à 9h. Cinq heures à tuer, aucune importance. J’adore quand le temps semble abondant et de fait, je le sens s’écouler sans ennui, le seul ennui étant la sangle de mon sac trop lourd sur l’épaule. 

A 6h du matin, œufs au lard, champignons frits et immense café. Le bonheur est fait de choses simples. Comme celui de dormir dans l’avion juste après le décollage.

 

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6 juin 2008 5 06 /06 /juin /2008 13:52

En 1999,  le Québécois Christian Laurence fonda KINO, mouvement de jeunes vidéastes dont la devise est « Faites bien avec rien, faites mieux avec peu, mais faites le maintenant. » Le rien et le peu, c’est l’argent, évidemment. Les Kinoïtes redécouvrent donc les vertus de la SOLIDARITE en se prêtant leur matériel, en participant bénévolement au montage du film d’un autre kinoïte, en faisant l’éclairage, la lumière, l’acteur… Les vertus de la CREATIVITE en s’obligeant à imaginer, écrire, réaliser et projeter en public un court-métrage par mois. (ceux qui s’y sont engagés et ne le font pas ont pour gage de produire un film avec contrainte de thème, de conditions, etc.) Les vertus de l’AUDACE en tournant partout sans remplir des tonnes de demandes d’autorisation : un sourire, un complice sur place et hop, ça tourne. Et ça tourne bien, puisqu’il existe aujourd’hui des cellules KINO un peu partout dans le monde, aux USA, en Australie, France, Belgique, Finlande, au Bénin, à La Réunion, au Sénégal ou en Allemagne.

 L’été 2007, ma fille Lauranne a passé six semaines au Québec, stagiaire au Festival International de microcinéma où elle a rencontré moult kinoïtes, dont Christian Laurence. En rentrant à Clermont-ferrand, elle a fondé Volkino- le KINo des VOLcans- aujourd’hui fort d’une quarantaine de passionnés qui réalisent et projettent leurs films chaque mois tout en poursuivant leurs études ou en travaillant, car pour l’instant- et c’est navrant- aucune structure officielle, aucun producteur installé ne les aide. En France, on a du mal avec les francs-tireurs qui sortent des sentiers balisés.
Alors ça leur rapporte quoi ? Le plaisir de maîtriser de mieux en mieux la caméra, de voir leur public grandir chaque mois, de s’exprimer et de FAIRE, surtout : « Au lieu de rêver au plan d’enfer qui nous permettrait de trouver un prod’ ou une subvention, on réalise, on créée… et on a des arguments concrets pour prouver notre motivation et déposer un dossier de financement. »
Voilà. Ils font partie des D’jeunz qui ont tout compris, en particulier que la dynamique de groupe est plus féconde que la compétition individuelle et l’enthousiasme plus moteur que la peur et le ressentiment. Ils ont aussi appris à surfer sur les nouvelles technologies pour se faire connaître et recruter, et rêvent évidemment du sort du clip « Marly Beaumont », devenu tube pour un coût de 220 €.  

Au Québec, Patrick Peris, (sur la photo en train de se faire couper les cheveux par Lauranne) ex-ouvrier du bâtiment, est aujourd’hui vidéaste sollicité pour réaliser des clips par des chanteurs renommés, Olivier Gilbert est passé de la banque à la vidéo, et Martine Asselin, l’un des piliers de KINO Québec, a réalisé plusieurs longs et moyens métrages diffusés à la télévision, dont le documentaire « la grande amoureuse » tourné avec moi. Aucun n’est riche- d’ailleurs rêvent-ils de l’être ?- mais tous vivent de leur passion.
Dans le même esprit, j’ai rencontré à Paris 
Florent NOUVEL, prof de lycée de moins de 30 ans, auteur-compositeur- interprète et excellent pianiste. Il a écrit une chanson sur le Vélib que LCI a diffusée, lui donnant une notoriété inattendue. Je l’ai rencontré, on a sympathisé, et je lui ai demandé d’essayer de mettre en musique mon texte « 40 ans le bel âge ». Il s’apprête à produire son premier album.  Allez le voir sur scène, il sera demain samedi 7 juin à 21h au 24 bis rue Gassendi (75014) et c’est vraiment un très grand artiste : il mesure 1m99 !

 

 Martine, Olivier et le tee-shirt KINO

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8 mai 2008 4 08 /05 /mai /2008 22:48

Debout sur le trottoir, le jeune homme faisait remplir à d’accortes mères de famille des questionnaires sur les produits laitiers. Je me suis approchée : « Puis-je vous offrir un café ? »
Il a sursauté, crayon à la main. Perturbé dans sa logique de sondeur qui pose les questions. J’ai reformulé la mienne : « Quel effet cela vous ferait si une femme vous proposait de prendre un café avec elle ? 
-Une femme ? Quelle femme ?
-Moi, par exemple. Je viens de vous le proposer. 
- Ca me fait drôle. Jamais une fille ne m’a abordé.
-Et à l’inverse, vous arrive-t-il de proposer un café à une fille ?
Il a rougi, souri, finalement intéressé : « Non. En fait je ne l'ai jamais fait. 
-C’est pourtant la meilleure façon de faire connaissance: leur parler. »
Il en a convenu, a reconnu l’absurdité qu’il y a à discuter des heures sur Internet avec des filles qu’on ne verra jamais, le côté convenu des lieux libertins où l’on fait l’amour sans ambages avec de parfaites inconnues et l’aspect « entretien d’embauche » assez glaçant des speed dating où l’on se doit de séduire une fille en 7 minutes chrono sans rien connaître d’elle.

« C’est étrange, vous ne trouvez pas, de faire si compliqué au lieu de tout bonnement dire à une fille qui vous plaît « puis-je vous offrir un café ». Ou qu’une fille vous le demande.
-         C’est vrai, mais ce n’est pas facile de parler aux inconnus. »
-         Sauf si vous vous souvenez que tous vos amis ou vos amantes étaient des inconnus la première fois où vous leur avez parlé. »

Il m’a finalement donné son numéro de téléphone. Je voulais juste observer sa réaction à mon invitation à la fois simple et incongrue. Je ne sais pas si je l’appellerai, mais je proposerai d’autres cafés à d’autres inconnus.

Sur ce, je vous abandonne pour quelques jours.

 

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29 avril 2008 2 29 /04 /avril /2008 17:56

Votre fille a vingt ans, que le temps passe vite
Madame, hier encore elle était si petite
Et ses premiers tourments sont vos premières rides
Madame, et vos premiers soucis

(G. Moustaki)


 Lauranne a deux heures (en haut à gauche), huit mois (au milieu), un an (en bas)

 On n'a pas tous les jours vingt ans,
Ça nous arrive une fois seulement,
C'est le plus beau jour de la vie.
Alors on peut faire des folies.
L'occasion il faut la saisir
Payons-nous un petit peu de plaisir,
Nous n'en ferons pas toujours autant,
On n'a pas tous les jours vingt ans !
(Berthe Sylva, chanson de Potier et Raiter)

 Avoir deux filles aussi belles, j'en reviens pas. C'est moi qui ai fait ça? (le père aussi, OK...)

 Je vous parle d'un temps
Que les moins de vingt ans
Ne peuvent pas connaître…
(C. Aznavour)

Ca y est, je ne pourrais plus te chanter cela !!!
BON ANNIVERSAIRE MA LOULOUTE !!!




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23 avril 2008 3 23 /04 /avril /2008 11:00

Pour rassurer quelques blogo/internautes qui me croient déprimée vu le ton de certains de mes billets face à l’état du monde : non, je ne suis pas déprimée, c’est le monde qui est souvent déprimant ces jours ci et même avant J .  Je pousse des coups de gueule qui me donnent des poussées d’adrénaline  fatigantes, mais je suis aussi très jubilatoire chaque fois que j’arrive à contourner les chemins par lesquels la pensée dominante veut nous faire passer ! Dans ce genre positif, le débat de Sciences Frontières  que j’ai animé à Marseille avec plein de gens sympas, dont voici le lien .

      http://www.terre.tv/indexvod.php?case=1&ref=00907

Et dans le genre évasion exquise, il y a le dernier livre de Michèle Decoust et Nicole Viloteau : « La transversale sauvage » (éditions Panama) J’ai connu Michèle Decoust à la revue « Autrement » dans les années 75/78,  cette entreprise devenue une maison d’édition prolifique et de qualité était à l’époque un repaire d’allumés comme nous qui voulions observer les mutations de l’époque et expérimenter comment vivre « Autrement ». Je l’ai fait en explorant les comportements humains et notamment amoureux, Michèle en explorant le monde, munie de sa caméra et de son stylo.

Son texte met en scène des personnages hors normes, ancrés dans l’amour de leur terre d’Australie, dans l’amour de la terre tout court. Ancrés dans le réel et les choses élémentaires de l’existence, ce qui ne signifie pas qu’ils vivent de façon étriquée, au contraire. Leur existence est une aventure qui fait rêver, rêve magnifié par les superbes photos de Nicole Viloteau. Tant de beauté donne envie de partir illico dans l’île-continent, ou à tout le moins de sortir de la grisaille pour vivre des émotions essentielles et fortes.

 

 link

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13 avril 2008 7 13 /04 /avril /2008 15:21

La soirée avait mal commencé, périphérique bloqué et au final vingt minutes de retard au théâtre dont nous trouvâmes les portes closes. Repli vers le quatorzième, nous passons à l’Entrepôt, pas emballées par le groupe Funk programmé ce soir là. Cent mètres plus loin, un grisonnant costaud aux cheveux dans le cou s’apprête à enfourcher sa moto. Nous l’abordons. Bonne pioche, il nous indique un bar (l’Utopia) en nous disant « Si ça n’a pas changé, vous ne serez pas déçues. »

 

Ca a changé mais nous ne serons pas déçues. Le bar public s’est mué en club privé. A l’entrée, on s’inscrit (3€ pour un soir, 10 € pour l’année) et on signe une déclaration indiquant en substance qu’on est conscient des dangers du tabac, qu’on n’emmènera pas un mineur dans ce lieu et qu’on s’emploiera à ne pas gêner les autres clients. Charte de savoir –vivre, en somme, et de fait, les gens ici savent vivre. La lumière est tamisée et chaude, la serveuse virevolte d’une table à l’autre avec grâce et sourire, le patron se la joue bourru mais cool.  Il a installé des extracteurs de fumée si puissants que pas une minute nous ne serons incommodées par la moindre volute et d’ailleurs, les gens ne clopent pas comme des malades compulsifs.  Une cigarette ou deux, juste pour le plaisir. Dans un angle qui tient lieu de scène minuscule, un groupe de rockers country (deux guitares électriques, une basse, une batterie) nous transporte dans une atmosphère d’avant. Avant quoi ? Avant la main basse sur notre libre arbitre.

Je pense à ce que m’a dit ma fille : « Tu te rends compte maman, tu as vécu à une époque où vous pouviez rouler sans ceinture (en vérité, je la mettais toujours, pas par obligation mais PAR CHOIX, ça change tout), fumer dans les bars,  vous balader la nuit sans subir de contrôle d’identité,  faire du sport sans certificat médical et malgré cette liberté, vous n’avez pas fait plus de conneries que nous, non ? » Oui, et peut-être même moins. Quand on est responsable de sa vie, on y tient. Au bord du lac d’Auvergne sauvage où je vais en été, un écriteau mentionne simplement « baignade autorisée mais non surveillée ». Ca descend à pic à trois mètres du bord, et il n’y a quasiment jamais d’accident parce que les gens font gaffe, sachant qu’aucun pompier ou CRS n’est là pour les prendre en charge.

Le rocker chantait d’une voix éraillée et puissante des ballades d’aventurier des steppes et des villes, d’amour et de désespoir. Un de ses guitaristes arborait un sourire craquant en regardant courir ses doigts sur les cordes, le plaisir des musicos est contagieux, autour de nous les spectateurs de tous âges semblaient heureux. Instant de grâce…

Quelques jours plus tard, concert des Têtes Raides au Bataclan. Tandis que ses musiciens déversent des frissons sur la foule, Christian Olivier chante d’une voix de cathédrale qui pénètre jusqu’au ventre. Passion, lyrisme cet homme semble habité, son corps et son regard chantent autant que sa bouche. Sincère ou talentueux acteur? Les deux sûrement.

 

Depuis 2002 « Têtes Raides » s’est associé aux mouvements qui se battent pour nos vies, et pour tout ce qui peut les rendre belles et joyeuses : la liberté d'aller et de nous installer où nous voulons ; le droit à un revenu décent, qu'il soit ou non lié à un emploi ; un logement; un système de santé de qualité pour tous et toutes ; l'égalité effective entre les hommes et les femmes ; un usage intelligent de toutes les ressources de notre planète ; la visibilité et les droits de tous ceux et celles que, parmi nous, on appelle « minorités » ; la libre circulation du savoir, des progrès techniques ou scientifiques ; l'art, etc. Le chanteur se lance dans un texte parlé, une interrogation lancinante sur le sens de la vie, écrit par un poète nordique qui s’est suicidé à l’âge de 39 ans. Autant dire que ce n’est pas follement gai, mais les mots, bien écrits, bien scandés, bien dits, transmettent au public une émotion forte. Quinze minutes au moins, il faut tenir la distance. Les spectateurs sont restés debout tout le temps de cette déclamation, muets et attentifs. A la fin, ils applaudissent longuement, réclament un « bis », nous en aurons trois, passionnés et jubilatoires. L’époque manque singulièrement de lyrisme et apparemment les gens en ont soif.  Je me le dis souvent : en rentrant de sa chasse au mammouth, l’homme préhistorique prenait le temps de graver des fresques sur les parois de sa caverne, sans souci de les montrer, sans espoir de les vendre, juste parce que…

Parce que l’art, la poésie, le lyrisme, le rêve, toutes ces choses pas rentables sont vitales, et pourtant si rarement évoquées par ceux qui nous gouvernent.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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