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12 mai 2013 7 12 /05 /mai /2013 17:17

albi refletsToulouse-Lautrec n'est pas une ligne de chemin de fer et n'a rien à voir avec Toulouse mais beaucoup avec Albi, sa ville natale, siège du superbe musée qui lui est consacré.

Henri de Toulouse-Lautrec naquit affligé d'une maladie génétique qui le rendait tout faiblard. Il tomba et se brisa la jambe gauche une année, la droite une autre, ce qui l'empêcha de grandir. Malgré les efforts des médecins pour lui étirer les os, il culmina à 1m52. Fragile, handicapé, petit ... mais heureusement pour lui d'une famille noble et aisée. Là où des parents pauvres se seraient demandé ce qu'ils allaient pouvoir faire de cet infirme, le comte et la comtesse de Toulouse-Lautrec firent donner des cours de dessin à leur fils et encouragèrent fortement sa vocation artistique. C'est ainsi que Toulouse-Lautrec devint un peintre et illustrateur renommé. Son aspect lui rendant peu accessibles les jeunes filles de bonne famille, il fréquenta assidûment les bordels et peignit de magnifiques et sensuels portraits de prostituées. Cet homme qui aurait pu devenir aigri cultiva un sens de l'humour qui affleure dans tous ses portraits, que ce soit celui de ses médecins lorsque l'excès d'alcool et autres substances lui en rendit la fréquentation quasi quotidienne, ou les palefreniers, lads et autres jockeys qu'il croisait lorsqu'il allait peindre des chevaux.

toulouse lautrecA Paris, il s'illustra- si j'ose dire- dans les affiches de spectacles qui nous sont aujourd’hui si familières qu'on en oublie l'auteur parfois, mais jamais la puissance. Comme celle d'Aristide Bruant qui ferait une superbe affiche pour J-L Mélenchon : le pardessus, l'écharpe rouge, l'énergie grognonne, tout y est... Dommage que de telles affiches n'égaient plus les préaux des écoles, on viendrait y voter de meilleur cœur.

Toulouse-Lautrec n'est donc pas une ligne SNCF, à l'inverse de Gaillac/Clermont-Ferrand, train d'un autre temps, d'autres lieux : 5h25 pour parcourir environ 300km, 22 arrêts entre les deux villes ! Sous une grisaille parfois percée de quelques rayons, puis une pluie résolument battante, j'ai découvert des villages comme Lexos (rien à voir avec la Grèce) Massiac, Bagnac, Maurs ou le Rouget. La ville la plus importante était Aurillac, ou Villefranche-de-Rouergue peut-être. On passe des murs de briques roses et toits en tuiles rondes de la région Albigeoise, à des murs de pierres rectangulaires surmontés de tuiles plates, puis des murs de pierres rondes et des toits de lauze, avec des pentes différentes suivant le climat. « Regarde les toits, tu prévoiras les frimas... »

Le moment le plus surprenant fut un peu avant Arvant, lorsque le train roulait au ralenti, presque à reculons parfois, sur une entaille entre deux sommets, soit que la voie se fît trop glissante, soit que le conducteur n'y vît rien sous la pluie... Ce train de trois wagons transportait essentiellement des lycéens qui habitent à des kilomètres de leur établissement scolaire et font la navette entre la ville et leur village pour faire leurs études. Dialogue surpris entre l'un d'eux et une très jolie adolescente : « T'es allé à Paris ? - Oui, une fois. -Et t'as fait quoi, sinon ? - Canterbury et Londres, un voyage scolaire en 4ème. » Utilité des activités péri-scolaires qui ouvrent les horizons...

à partager1à partager2Arrivée à Clermont-Ferrand, il pleuvait. Soleil frisquet le lendemain mais peu importe: quel que soit le temps, il se met en terrasse, l'Auvergnat a le cuir rude et le cœur sur la main. Place de la Victoire, une brasserie a entouré la sienne de jardinières emplies de légumes et herbes aromatiques avec cette inscription « nourriture à partager, prenez, c'est gratuit. »

bleu et jaune 

En attendant une éventuelle finale Toulouse/ASM Clermont pour le top 14, toute la ville se prépare en bleu et jaune à la finale de coupe d'Europe ASM/ Toulon. Le rugby n'est plus l'apanage des Basques et du sud-ouest et ne se prononce ici ni rugueux-bi, ni rubis.

Pour clore ce billet culturel, je ne résiste pas au plaisir de ce mot que l'on m'a juré authentique. A un journaliste qui demandait à Johnny Hallyday son avis sur Toulouse-Lautrec notre rocker aurait répondu: « Ah que je crois que Toulouse a gagné. »









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23 avril 2013 2 23 /04 /avril /2013 23:30

ouvriers.jpgEntre les scandales fiscaux, le mariage pour tous et les attentats à Boston, une nouvelle est passée quasi inaperçue : en Grèce, il y a quelques jours, deux contremaîtres ont tiré à balles réelles sur des ouvriers immigrés du Bangladesh venus tout simplement réclamer leurs salaires dus depuis plusieurs mois.

http://fr.euronews.com/2013/04/18/grece-fusillade-contre-des-travailleurs-agricoles-migrants

En Europe, en 2013, dans un pays qui fut le berceau de la démocratie et de la civilisation, dont la tradition d'hospitalité était millénaire (hospitalité se dit philoxenia, amour de l'étranger...) en Grèce, donc, défaite par la gabegie et la corruption, pourrie par la mafia, on tire sur des hommes pour ne pas payer ce qu'on leur doit.

Et cette nouvelle, qui aurait dû faire la Une des journaux partout en Europe tant elle montre à quel point de barbarie peut conduire l'appât du gain et le mépris des peuples, a été discrètement annoncée dans un patchwork d'infos internationales genre « le monde en 45 secondes ».

Plus encore que l'appât du gain, le mépris glace encore plus car il met l'accent sur une constante : il existe une caste de gens persuadés que le pouvoir et la richesse leur sont dus par droit quasi divin et que tout autre qu'eux détenant une parcelle de ce pouvoir ne peut être qu'un usurpateur. Les aristocrates versus les manants... 1793 en France a coupé la tête d'un roi- qui a servi de bouc émissaire- mais n'a aucunement éradiqué cette conviction ancrée chez ces gens là avec la même force que leur « foi » aussi intégriste que celle des Jihadistes : ils ont la Vérité, ils sont la vérité et le pouvoir leur revient. Une arrogance qui les fait parfois tomber, tant la certitude de leur impunité les rend imprudents autant qu'impudents, voir DSK ou Cahuzac dont on ne sait plus ce que cache le masque lisse lorsqu'il s'essaie à émouvoir le peuple en se « confessant ».

Chez ces gens là, monsieur, on ne vit pas... on triche...


3162236_7_438a_beatrice-bourges-du-collectif-printemps_13cd.jpgCe même mépris, cette certitude absolue de détenir la vérité se retrouve dans le regard de Béatrice Bourges, égérie du « Printemps Français », marque qu'elle a déposée, devenue un fourre-tout réunissant des gens du FN, de Civitas, du GUD, d'Action française, de Renouveau Français, bref de l'extrême droite. 

Qu'elle ne soit pas d'accord avec Caroline Fourest, c'est son droit. Mais sa façon de la traiter de menteuse et de la toiser avec un mépris d'aristocrate devant sa bonniche est insupportable. Béate Bourges l'est ô combien ! Fille d'Yvon Bourges, ancien ministre sous de Gaulle, Pompidou et Giscard d'Estaing, ministre qui a interdit en 1967 l'exploitation et la diffusion du film de Jacques Rivette « la religieuse » sous la pression de parents d'élèves ultras- catholiques. Que ne commet-on pas au nom de la défense de l'innocence des petits nenfants... On aimerait que la blonde Bourges s'émeuve davantage des prêtres pédophiles que des couples homosexuels adultes et consentants.

Chez ces gens là, monsieur, on ne pense pas... on prie...

Même mépris chez demoiselle Parisot dont par bonheur on sera bientôt débarrassé, qui souhaitait que le travail fût aussi précaire que l'amour ou que la vie... mais pas les salaires des hauts dirigeants, ni son poste à la tête du MEDEF qu'elle a (vainement, heureusement) cherché à pérenniser avec cent millions de fois plus d'énergie qu'elle ne cherchera jamais à pérenniser le travail d'un pauvre bougre gagnant en une vie ce que son patron gagne en un mois.

Chez ces gens là, monsieur, on ne cause pas... On compte.

Et ces gens là, monsieur, imposent leur idéologie jusque dans les plus petits détails de la vie quotidienne. Impossible de trouver une rue Robespierre à Paris, toutes les demandes en ce sens ont été refusées, au motif que Robespierre fut un des artisans de la Terreur pendant la Révolution Française. C'est aussi un homme politique qui avait mérité le surnom « d'incorruptible » et avait milité pour la liberté d'opinion, de presse et de réunion, l'égalité politique de tous les citoyens, la suppression de l'esclavage, des indemnités pour les victimes d'erreurs judiciaires, la disparition des titres de noblesse, et même… l'abolition de la peine de mort.

En revanche, on y trouve une rue Thiers et un square Thiers : Adolphe Thiers, le massacreur de la Commune de Paris (20 000 morts) dont il se réjouissait en disant : « Ce spectacle affreux servira de leçon. La répression a été terrible et règle la question sociale pour 30 ans ». Il fut l'adversaire résolu de l’impôt sur le revenu : « Le peuple n'a pas besoin d'appauvrir le riche pour être heureux lui-même ». « Pour moi, l'impôt sur le revenu, c'est le socialisme par l'impôt, c'est le secret des fortunes violé,  cette loi n'est faite que pour flatter les passions populaires. » ( on se croirait en 2013, avec la taxation à 75 % de la tranche de revenus dépassant 1 million d'euros et la transparence des patrimoines...)

L'idée de l'impôt progressif sur le revenu est née en mai 1793 : le revenu nécessaire n'était pas imposable, le revenu abondant subissait une taxe progressive et le revenu superflu était taxé à 100 %. Cet impôt ne survivra pas à la fin de la révolution. Adolphe Thiers le combattra en 1848 puis en 1871. Bref, en 1914, la France n'a pas encore d'impôt progressif sur le revenu alors que la plupart des pays d'Europe l'ont adopté!!!
(on se croirait en 2013 avec le mariage pour tous).

Merci à l'excellente revue FAKIR qui a publié dans son numéro 59 un excellent article sur l'impôt.

manif-CPE-petit-mars-2006.jpgOn croyait l'hophobie quasiment disparue, elle réapparaît vigoureusement, on croyait l'esclavage aboli, il ressurgit en Grèce, en Chine, en Afrique et ailleurs, y compris dans de beaux quartiers parisiens avec des « petites bonnes » esclavagisées par leurs maîtres. Les droits acquis ne le sont jamais, ils ont tous été conquis. Si on ne les défend pas avec vigueur, les saigneurs sont prompts à les reprendre, tant est ancrée en eux la conviction qu'il sont seuls à y avoir droit.

 

Sur ce, ayant comparé ce week-end les geeks des villes aux gars des champs et vérifié que le réel vaut mille fois mieux que le virtuel, j'ai décidé de mettre ce blog en congé pour... un certain temps. Ce qui laissera aux nostalgiques tout loisir de découvrir parmi les 714 billets publiés, ceux qu'ils ou elles n'ont pas lus.

 

auvergne.jpg

 

 




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8 avril 2013 1 08 /04 /avril /2013 15:58

nuages.jpgAdossé à son nuage préféré, Dieu jubilait. Enfin, les Terriens découvraient les vertus de la morale. De la Sicile à la France en passant par l'Amérique Latine,l'Islande et même la Suisse, ce n'était qu'indignations vertueuses et opérations« mains propres ». L’Éternel esquissa un pas de salsa, ce qui le fit penser à son ange préféré. Il l'appela :  Allo, Lucifer ? Tu aurais un moment pour boire un petit coup ? C'est agréable.» « Ça va, dit le Diable, j'arrive. » Comme un ouragan de feu, il fut là: « On arrose quoi ? - Ma victoire, Satan, ma victoire. Tu ne peux nier que j'ai pris le dessus. La morale triomphe. » Lucifer sourit et offrit une cigarette à l'Eternel qui déclina. « Non merci, Dieu est un fumeur de havanes. Mais pourquoi ce sourire diabolique ? - Parcdiablee que, dit l'Ange noir, tu triomphes trop vite et je vais te le prouver. - Que veux-tu dire ? - J'ai concocté un programme de franchise absolue pour tes terriens, afin que tu puisses visualiser les dégâts que cela peut provoquer. Avec ce programme, leurs pensées seront entendues par tout le monde, pas moyen de mentir, même par omission. Regarde et écoute...

L’Éternel saisit l'appareil et visa une tour de bureaux. Un cadre chargé d'une mallette d'ordinateur entrait dans l'ascenseur occupé par un homme âgé et buriné et une fort jolie femme. Il les salua d'un discret « Bonjour » tandis que de son cerveau s'échappait des pensées rendues audibles par l'appareil satanique : « Bien roulée, cette meuf, je me la taperais volontiers ». Il reçut aussitôt une gifle de la femme et un rappel outragé du vieil homme : "Vous n'avez pas honte ? - Pas la peine de faire ton prude, répliqua le cerveau à haute voix, je t'ai croisé cent fois au club «Fessées et châtiments ». Ce fut au tour du vieil homme de prendre un air penaud, les yeux baissés tandis que son cerveau proférait : «Quelle buse, ce type, mais il ne perd rien pour attendre ! ll sera dans la prochaine charrette de licenciements, comme cette greluche d'ailleurs. Supprimons les témoins. -Bonne idée clama le cerveau des deux autres ». Avant que l'ascenseur ne s'arrête au 4ème, les trois occupants de la cabine se battait comme chiffonniers. L'homme à la mallette étrangla son supérieur avec sa cravate, la femme poussa un cri d'effroi que son cerveau démentit : « Bravo ! Nous voici débarrassés de ce vieux débris! Reste à éliminer le cadavre. - Je m'en charge, et je te couvre, dit galamment l'homme, tandis que son cerveau précisait : « Si tu me suces dans cette cabine car tout ça m'excite grave... » L'ascenseur remonta illico vers le 30ème étage.

indigest3.jpg« Quelle horreur, s'exclama Dieu, tu m'as aiguillé sur un trio de tarés. -Pas du tout, répliqua le Diable, je te montre les humains tels que tu les as créés. Branche toi sur l'Assemblée Nationale et écoute les élus du peuple. »

Surmontant le brouhaha vocal d'indignations « Incroyable, quel scandale ! «  « Nous appelons à une 6ème République vertueuse » «En ces temps troublés, il est urgent de moraliser la vie publique. » les pensées réelles des élus  s'exprimaient : « Putain de con de s'être fait prendre, quand on est aussi naze, on ne joue pas dans la cour des grands. - On risque tous un contrôle, à présent! - Quelle aubaine ! C'est le moment ou jamais de renverser le gouvernement! - Pas de blague Wauquier, si tu accables la gauche, on en a autant à ton service. Donnant, donnant, comme d'hab' »

pinocchio.jpgDieu s'essuya le front d'un revers de manche : « Alors selon toi, Belzébuth, le mensonge est préférable à la vérité ? - Non, fit le Diable, je pense surtout que le mensonge est une question morale qui masque les vrais problèmes.  - Je ne comprends pas. - C'est pourtant simple : que reproche t-on à Woerth ? D'avoir prétendu qu'il ne connaissait pas Liliane Bettencourt. Que reproche-t-on à Cahuzac ? D'avoir juré qu'il n'avait pas de compte en Suisse alors qu'il en avait un. Et pour balayer devant ta porte, cher Dieu, que reproche-t-on à la Sainte Eglise ? D'avoir caché et couvert les actes pédophiles de dizaines de religieux. Cette unanime indignation devant le mensonge sert, une fois de plus, à dissimuler que la vraie faute réside dans les manigances politico-financières, la fraude fiscale et les abus sexuels sur des enfants. 

Moralité ? soupira l'Eternel. - Il n'y en a pas, conclut Lucifer, et il ne peut pas y en avoir. Tu as fait les hommes mauvais- tu m'as créé en premier lieu ! - mauvais ils resteront. Mais comme ils ont eu malgré tout la sagesse de créer des lois pour sanctionner les dérapages, la seule réponse doit être d'appliquer fermement ces lois, pas de faire la morale.

-Décidément, Lucifer, tu es ma plus somptueuse créature. Quelle intelligence, quelle lucidité, quelle somme de connaissances! Que n'ai-je fait tous les humains à ton image ?

Au moment précis où il accablait le Diable de compliments, Dieu entendit avec effroi ses véritables pensées s'échapper de son divin cerveau : « Je l'ai échappé belle ! Si je n'avais pas empêché le Serpent de donner le fruit de la connaissance à Eve, il y a beau temps que plus personne ne croirait en Moi. Heureux les simples d'esprit, heureux les ignorants reste le B-A BA de tous les monarques sur la terre comme au ciel.

- Amen, lança ironiquement Lucifer avant de retourner en enfer où l'attendait une vidéo bien kitsch comme il les aime.

 

 

 

Six titres de chansons sont dissimulés dans ce billet, à vous de les découvrir...


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2 avril 2013 2 02 /04 /avril /2013 18:16

clowns5Lors d'un reportage dans l'armée- du temps du célèbre Bigeard, le colonel m'annonça qu'un général avait causé un accident de la route faisant deux morts, en empruntant l'autoroute à l'envers, de nuit. Certains journaux avaient titré : « On se perd en conjectures sur les raisons qui ont poussé le général X... à rouler à contre-sens sur l'autoroute » Mi-sérieux, mi rieur, le colonel se tourna vers moi :

« Il n'y avait aucune raison, excepté peut-être la connerie ». Devant mon air interloqué, il ajouta : « Vous savez, madame, on perdrait moins de temps à s'interroger sur des décisions politiques ou militaires aberrantes en admettant que la connerie existe même à très haut niveau. Mais voilà : c'est impensable pour beaucoup. »

poisson-clown3Ainsi, ils ont dû se perdre en conjectures (pas conjonctures, conjectures, note à l'attention des journaleux qui confondent régulièrement les deux termes) ces ouvriers de PSA Poissy rappelés en urgence pour une fabrication de C3, autrefois produites sur le site d'Aulnay, celui que PSA ferme. Certes PSA souhaite produire plus sur moins de sites, en fermer certains et reporter l'activité sur d'autres. Mais ces ouvriers de Poissy, en chômage technique depuis des mois, à qui on serinait qu'il n'y avait plus de boulot parce qu'il fallait écouler les stocks de voiture avant de songer à en produire d'autres, ces ouvriers ont dû se perdre en conjectures sur les raisons qui poussent une entreprise en pleine préparation de plan social avec des milliers de suppressions de postes à la clé, à décréter soudain l'urgence absolue de produire des C3. Quand ? Le week-end de Pâques, en équipe 3x8, c'est-à-dire de jour comme de nuit du samedi au lundi inclus ! A moins d'admettre que dans la panique et la panade, des décisions stupides peuvent être prises...

clown2On se perd aussi en conjectures sur la logique des salariés terrifiés à l'idée que le fameux accord sur « la sécurisation du travail » représente en fait un démantèlement du Code du Travail, légalisant une flexibilité qui les rendra extrêmement vulnérables, comme s'il fallait en rajouter... mais ces salariés ont voté pour la CFDT, signataire de cet accord, qui demeure ainsi le 2ème syndicat représentatif après la CGT, et pas pour Sud qui les défend dans chaque conflit social. Y a pas qu'en haut que ça part en vrille...

clown4On se perd encore en conjectures sur le fonctionnement cérébral de dirigeants qui lisent chaque jour, comme vous et moi, des analyses montrant qu'il existe des solutions viables pour améliorer l'économie et la vie des gens (voir l'Islande, l'Argentine, les 1000 « révolutions tranquilles » dont j'ai déjà parlé ici) et s'obstinent à proposer des politiques sûres d'échouer comme elles ont échoué ailleurs.

A part cela, il fait beau et froid et j'ai appris ce week-end que le terme « tarabiscoté » qui signifie, « orné de façon exagérée, compliquée » vient de « tarabiscot », outil de sculpture permettant de réaliser des moulures. Je me perdais en conjectures sur les raisons qui font passer du concept de moulures- simple et sobre- à l'idée d'ornements tarabiscotés... et de ces pensées Pascales- merci Blaise- surgit la lumière sur les événements cités plus haut : « Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? »

Car finalement, tout s'explique, quand on a le talent et le recul d'un François Morel :

 

 

 



 

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25 mars 2013 1 25 /03 /mars /2013 14:27

Mais qu'est-ce  que ça peut bien leur faire ? » C'est ce que je me demandais dans l'embouteillage créé par la manif des anti-mariage gay. Ils veulent défendre la famille, les enfants, l'amour ? En quoi cette loi va-t-elle porter la moindre atteinte à leur famille, leurs enfants, leur(s) amour(s) ? En rien.

gays.jpg

 

Leur problème n'est pas de craindre pour leurs droits qui ne sont en aucune manière visés par la loi en cours, leur problème, c'est qu'ils ne supportent pas que d'autres aient une conception différente de ce que peuvent être la famille, la parentalité, l'amour.

 

Cela m'a rappelé un lointain souvenir : j'avais un collègue de travail et ami avec qui j'allais parfois déjeuner ou à la piscine. Nous avions été invités chez lui avec un autre couple, avions rencontré sa femme et leurs trois enfants. Famille très catholique, même si je savais, par ses confidences, que le papa- mon collègue- avait eu plusieurs fois des liaisons amoureuses soigneusement cachées à l'épouse...

première couvUn jour, 25 ans après notre rencontre, il m'avoua qu'il ne pourrait plus me voir car sa femme s'opposait désormais à notre amitié. « Vingt-cinq ans après, qu'est-ce qui lui prend ? » Un peu confus, il me dit qu'elle m'avait vue à la télévision présenter mon livre « Aimer plusieurs hommes » et en avait été fort choquée, d'où l'interdiction.

« Mais enfin, de quoi a-t-elle peur ? Je ne vais pas te draguer, si c'est cela qu'elle craint. J'aurais voulu, je l'aurais fait il y a 25 ans, quand tu étais jeune et fringant...

- Ce n'est pas cela, elle est persuadée que je suis fidèle (!!!) et qu'elle n'a rien à craindre de toi. Mais elle refuse que je puisse être ami avec quelqu'un qui a de telles idées. Et comme je veux la paix dans mon ménage, je préfère obéir... »

Quelques mois après, je croisai par hasard une de leurs meilleures amies, la femme du couple avec qui nous avions été reçus, qui ne fut pas étonnée de cette histoire : « Ils ne me voient plus non plus car je viens de divorcer, et A... a dit à son mari qu'il n'étais pas question, compte-tenu de leurs convictions catholiques, de fréquenter une femme divorcée. » C'était peu avant l'an 2000, pas au moyen-âge...

C'est le problème des cathos et de toutes les religions : il ne suffit pas à leurs adeptes de croire et pratiquer comme ils l'entendent, encore faut-il que les autres croient et pratiquent comme eux, sous peine d'être voués aux gémonies. Les interdits qu'ils s'imposent- pas de préservatif, chasteté, exclusivité- les regardent, mais en quoi cela les regarde-t-il que des non-croyants vivent différemment? Bref, il ne leur suffit pas d'avoir des droits, ils ne supportent pas que ceux qui sont différents d'eux jouissent des mêmes droits. Ça s'appelle la tolérance et la charité chrétienne, et ça se résume dans une chanson.

 

 

 

 

 

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9 mars 2013 6 09 /03 /mars /2013 12:21

Elle avait demandé pour Noël un costume de cosmonaute, sa grand-mère lui dit : « Ce n'est pas un jouet de fille. A partir de cette année, on t'offrira un couvert en argent à chaque Noël et quand tu seras une dame, tu auras une jolie ménagère pour recevoir. » Elle se demanda pourquoi les couverts furent offerts à sa sœur et elle et pas à son frère.

Elle demanda à sa grand-mère de lui apprendre à faire du crochet et la grand-mère se réjouit d'avoir une si gentille petite-fille.

A l'école, quand elle traversait la cour en hurlant : « Je suis Buck John le terrible cow-boy » ou jouait à Ravaillac qui trucide Henri IV, la maîtresse l'arrêtait dans son élan en la traitant de « garçon manqué ». Elle osa rétorquer: « Non, je suis une fille réussie » et se fit taxer d'insolence. Mais comme elle réussissait bien le gâteau au yaourt, fleuron des ateliers de cuisine scolaire, on lui disait qu'elle serait plus tard une vraie « fée du logis ». Elle, elle aimait faire la cuisine, par gourmandise, pour le plaisir de patouiller des substances pâteuses ou liquides et de sentir l'odeur caramélisée des cuissons au four.

Adolescente, elle compara les mérites respectifs de Salvatore Adamo et Jacques Dutronc : « Adamo, ce serait plutôt le genre mari alors que Dutronc serait un amant. » Ses copines la contemplèrent d'un air dégoûté, et l'une d'elles lui dit : « Quand je serai grande, j'aurai un mari, trois enfants, une maison et un chien mais je t'inviterai pas chez moi parce que tu es trop bizarre. » Elle s'en moquait, la vie entre mari, enfants, Médor et pavillon ne la tentait aucunement.

Elle eut d'énormes chagrins d'amour, comme toute ado, et se rendit compte qu'elle s'en remettait de plus en plus vite, ce qui la réjouit : on pouvait aimer sans mourir d'amour ni en être malade, quoi qu'en disent les romans et les chansons.

Lors d'une boum, elle montra ouvertement à un garçon qu'il lui plaisait. Ses copines l''accusèrent de se conduire mal, alors qu'elles n'eurent aucun mot désobligeant pour les garçons qui draguaient. Celui qu'elle aimait ne répondit pas à ses avances, il voulait conquérir, pas être dragué. Bref, total râteau ! Elle constata qu'on n'en mourait pas ce qui ne l'étonna guère puisque les hommes, qui draguent depuis l'éternité et ont pris moult râteaux dominent encore la planète.

Elle trouvait injuste que sa mère dise à son frère de la surveiller lorsque tous deux sortaient le soir, et qu'elle-même ne fût pas invitée à surveiller le frère. Qui eut le bon goût d'instaurer un rituel où chacun rejoignait sa bande, avec RV à une heure précise pour rentrer ensemble, ni vu, ni connu.

Elle aimait se maquiller, acheter des crèmes et des parfums, on la jugeait féminine. Elle préférait le jean-baskets aux jupes, elle devenait « garçon manqué. »

Elle enquêta dans des groupes féministes radicaux mais n'arrivait pas à les suivre dans leur désir de construire un monde exclusivement féminin/féministe en se passant des hommes. Elle cessa d'aller aux réunions lorsque l'une d'elles répondit avec superbe à une fille amoureuse : « Ma chérie, tu n'es pas suffisamment conscientisée, tu restes une asservie du phallus. » Elle même trouvait que le phallus peut être très plaisant, si l'homme ne s'en sert pas aux dépends du cerveau. Elle évita ceux qui fonctionnaient en mode « ou » « ou », cerveau ou phallus.

A celles et ceux qui prétendaient que les femmes avaient le vrai pouvoir car les hommes à la maison leur étaient soumis et qu'on pouvait aisément « les faire marcher », elle répondit que si c'était vrai, les hommes en masse souhaiteraient être hommes au foyer.

Elle décida d'aller explorer leur territoire. Il était immense et varié, avec plein de métiers qu'on ne proposait guère aux filles, du plus modeste au mieux payé, et qu'ils étaient de toutes façons toujours mieux payés qu'elles. Mais plus encore que les revenus et le statut social, elle voulait leur liberté : liberté de sortir sans risques à toute heure, de s'habiller à sa guise, de picoler, de dire des conneries ou des choses intelligentes, de faire des sports de malades, de partir en voyage sans remplir le frigo pour ceux qui restent, de se mettre en colère sans être traité d'hystérique, bref liberté de vivre sans que quiconque leur dicte ce qu'il convenait de faire lorsqu'on était un homme. Sauf pleurer et montrer des émotions vives, c'est vrai... En les explorant elle découvrit les faiblesses et la fragilité masculines, et les hommes lui en devinrent infiniment plus intéressants.

Elle s'affirma féministe, mais refusait l'idée d'une « parole de femme » portée aux nues ou rejetée non par son contenu intrinsèque mais en tant que parole de femme. Ou de manifestation réservées aux femmes « pour les femmes, par les femmes, avec les femmes » qui lui semblaient aussi efficaces pour prendre confiance en soi que d'apprendre à nager sur un pliant au lieu d'affronter l'eau.

L'important n'était pas d'être femme ou homme, finalement, mais d'écouter ses vrais désirs et de ne laisser personne vous dicter ce que vous devez ou ne devez pas faire en fonction de votre sexe. Elle décida de ne jamais se positionner comme femme, mais en temps qu'être humain.

C'est pourquoi elle supportait mal le 8 mars, Journée de la femme comme disent les machos, Journée internationale des droits des femmes, comme disent les autres, mais le résultat est le même : un acte de compassion , comme toutes les journées internationales de quelque chose, qui focalisent un jour sur un sujet négligé les 364 jours suivants. La moitié de l'humanité mérite mieux que ce confinement dans un rôle de victime.

C'est pourquoi elle préférait le 9 mars...

Bonne fête à toutes les Françoise ou Framboise !


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22 février 2013 5 22 /02 /février /2013 12:06

califeCe matin là, le grand Calife demanda à son plus proche conseiller :

  • Dis-moi, Hérault, comment va mon peuple ?

  • Pas trop bien, sérénissime Calife, il broie du noir.

  • Qu'à cela ne tienne. Panem et circenses fit le Calife qui avait appris le latin au lycée. L'ennui, c'est qu'il n'y a plus guère de pain...

  • S'ils n'ont pas de pain, qu'ils mangent de la brioche !

  • Tais-toi, malheureux! Une phrase comme ça a conduit la reine à l'échafaud. Puisque manque le pain, va pour les jeux. Ils broient du noir ? Offrons-leur « 50 nuances de gris », ça sera déjà plus clair. 

 

Ainsi fut fait. Aux six coins du pays, héraults, communiquants et pubeux diffusèrent le livre qui éviterait de parler d'autre chose. Scénario idéal : un homme riche et puissant, une vierge gourdasse mais toute prête à sucer le gourdin si on la soumet, et qui en plus aime ça, la salope ! Ça ouvre des marchés, toutes les femmes du pays voudraient faire comme elle pour dégoter un riche.

vib petit paulu14353277.jpgLe grand Calife se dit que tant qu'à avoir des stocks de latex pour des pneus quasi en faillite, il allait reconvertir l'usine en fabrique de vibromasseurs, poupées gonflables et préservatifs. Marché juteux- oups!- pour emplir les caisses vides et rebooster le moral du peuple en lui faisant passer une... Good Year.

Le conseiller suggéra que dans la foulée du redressement (oups!) l'érection d'une usine de boules de geisha métalliques sur le site de Florange pourrait donner un souffle nouveau à la sidérurgie française, vu que les boules de geisha fabriquées en Chine provoquent souvent des allergies vaginales en raison de peintures toxiques destinées à les décorer, idée d'ailleurs absurde car une fois insérées, à quoi sert le décor ? (note pratique : c'est pas le nirvana, les boules de geisha, vu que l'intérieur du vagin étant très peu innervé, ça ne titille guère...)

Le Grand Calife et son conseiller en trompette de la renommée étaient contents, mais point trop non plus, car ils savaient qu'une telle diversion ne dure que le temps d'un rapport qui, même tarifé (le jouir de gloire est tarifé) ne dure pas assez pour faire oublier la marche inexorable des cruelles réformes.

 

Le Journal officiel du royaume, NO pour « Nous Occultons » décida d'aider le Pouvoir Suprême avec une nouvelle diversion, un scénario encore plus croustillant se passant dans le beau monde de la politique et de la presse sous prétexte de littérature.

  • nus.jpgAlors, mon hérault, comment va mon peuple ?

  • Il va bien, Grand Calife il va bien mieux.

  • Ca a donc marché, la diversion pipole ?

  • Pas vraiment, inégalable Calife. D'après les dernières enquêtes, le peuple n'a plus envie de baiser par procuration, ni d'acheter quoi que ce soit pour jouir. Il répond aux sondeurs : « Foutez-nous la paix, maintenant on baise entre nous : joyeusement, tendrement, voluptueusement ! Et c'est gratuit !

 

Le grand Calife se gratta la tête, contrarié :

- Mon hérault, je suis contrarié. Voilà que mon peuple a découvert la liberté, et s'il y prend goût, demain c'est la révolution.

 

 

 

 

 


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5 février 2013 2 05 /02 /février /2013 16:12

 

gays.jpgHier, j'allume la radio: mariage pour tous! Ce matin encore: mariage pour tous! Exit le chômage, la finance toujours pas régulée, les hôpitaux surchargés, les guerres ici et là... On ne parle que de ce mariage qui a, je l'ai déjà écrit, été adopté sans bruit ni fureur en Belgique, en Italie ou ailleurs.

mari_5.jpgJe ne voulais pas en rajouter, d'autant plus que le moindre commentaire peut vous faire taxer illico d”homophobe- ce qui dans mon cas serait aberrant!- ou de destructrice des valeurs éternelles de la civilisation... Et c'est là que ça me chiffonne, cette histoire de mariage. Pour tous, pas que pour les homos, bi ou transsexuels. Cette volonté de conformisme social: «Ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants». Comme dans les contes de fées, et d'ailleurs nombre de manifestantes pro mariage pour tous se sont parées de robes de princesse ou de mariée pour défiler. C'est Pronuptia qui va se réjouir, un marché énorme s'ouvre!

Voilà que la reconnaissance sociale de l'homosexualité, bi, trans... passe non pas par l'acceptation de leur choix sexuel mais par l'intégration dans le modèle standard : couple marié avec enfants.

france.jpgQuand je pense à notre refus du mariage, «institution bourgeoise et misogyne» dans les seventies ! Nous n'en voulions pas, non pas par manque d'amour ou refus d'engagement, mais parce qu'à nos yeux, le mariage était une institution issu du Droit Romain- qui donnait au Pater familias droit de vie et de mort sur ses enfants- de la religion- où c'est un sacrement, qui ne concerne que les croyants- et du Droit Napoléonien, lui-même fortement inspiré des deux précédents. Dans le code Napoléon 1er l’article : « Les personnes privées de droits civiques sont les mineurs, les débiles mentaux, les délinquants et les femmes mariées » nous restait en travers de la gorge. Savoir qu'en 1910, le code en rajouta une couche en disant en substance : « les entrailles de la femme appartiennent à l'homme qui en dispose à sa guise », nous débecquetait. Et avoir connu nos mamans interdites de travail et compte en banque si leur mari ne leur en donnait pas l'autorisation ne nous donnait pas envie de nous marier. Il fût une époque- la belle Epoque comme ont dit- où les courtisanes et autres gourgandines étaient majeures et libres... car pas mariées.

femme_foyer2.jpg« C'est vieux, tout ça ! » s'exclameront les trentenaires persuadés qu'aujourd'hui on se marie juste par amour. Que nenni, chers amis ! Quand on s'aime, on fait l'amour, on a souvent envie de vivre ensemble, on a des projets communs, on a envie de rendre l'amoureux(se) heureux(se)... et tout cela se vit fort bien en union libre, sans mariage. Le mariage, aujourd'hui comme hier, est signe d'appropriation de l'un par l'autre devant la Société si ce n'est devant Dieu : « Ces couples avaient vécu ensemble par amour, ils se mariaient pour se posséder : le mariage comme contrat d'achat du compagnon ou de la compagne, acte de propriété clamé à la face du monde, union de deux êtres qui n'en feront plus qu'un. Les époux fusionnent dans une entité singulière appelée cellule familiale, un foyer fiscal où ils n'ont pas le droit de déclarer séparément leurs revenus, même s'ils sont mariés sous le régime de la séparation de biens et même s'ils le désirent, et une vie sociale où il serait désormais inconvenant d'inviter séparément mon­sieur ou madame. »( « Aimer plusieurs hommes »)

Mine de rien, être marié change la donne. Trois fois j'ai été témoin de mariage pour des copains qui avaient décidé de convoler après 3 à 5 ans de vie commune sans nuages. Trois fois ils ont divorcé, victimes de la pesanteur du mariage. « Des hommes charmants avec leur compagne deviennent tyranniques, indifférents ou rustres avec leur épouse... Des femmes épanouies se transforment après les noces en ménagères, si ce n'est en mégères. Comme le résumait cyniquement une épouse grecque pour excuser sa prise de poids après cinq ans de mariage : « J’ai lié mon âne, je n’ai plus besoin de faire attention. »(idem)

matriochka3Après les premiers temps de vie commune, arrive un moment où on achète des trucs ensemble, des gros trucs genre maison, où on a un enfant, et c'est souvent là qu'on se marie. Pas par amour : pour préserver les biens du couple et protéger chaque partenaire au cas où l'un d'eux disparaîtrait. Cela met bien en évidence la nature du mariage : une histoire matérielle. Les mariages de raison avaient pour objectif essentiel de marier deux jeunes dont les parents pouvaient ainsi réunir les biens, augmenter la surface des champs et des forêts possédés (voir « Thérèse Desqueyroux », actuellement au cinéma). Aujourd'hui, les futurs mariés préservent leur patrimoine au cas où... et l'amour n'a pas grand chose à voir là-dedans, sauf pour les afficionados des TV-novelas et contes de fée et les magazines et boutiques spécialisées qui vivent sur "ce plus beau jour de votre vie".

Preuve a contrario : alors que je disais à ma fille aînée que je ne comprenais pas l'acharnement des homosexuels à vouloir se marier alors qu'existe le PACS (si le PACS avait existé quand j'avais 20 ans, je l'aurais choisi sans hésiter), elle me répondit : « Oui mais tu comprends, le PACS ne donne pas les mêmes droits de succession ni d'adoption. »

trois_petits_cochons.gifOn mesure là l'imbécillité des gens de droite qui prédisaient déjà l'apocalypse des mœurs lors de la loi sur le PACS et se sont acharnés à en faire un « sous-mariage » en le privant de ces droits élémentaires, d'où la demande des homosexuels, bi, trans... du mariage pour tous, au nom de l'égalité. Ce en quoi ils ont raison, il n'y a aucune justification à les traiter en sous-citoyens. Mais je regrette qu'on n'ait pas saisi l'occasion de cette mise à plat des unions entre personnes pour créer un contrat ouvert à toutes les personnes- pas seulement les couples- désirant vivre ensemble un projet commun et souhaitent en régler les conditions, qu'il s'agisse d'un projet de famille avec enfants, ou d'amour sans enfant.

Parce que là aussi, associer automatiquement projet de vie amoureux et possibilité d'avoir des enfants est discutable, tout comme la notion de « droit à l'enfant ». L'enfant n'est pas un droit, c'est une personne qui ouvre à ses parents, qu'ils soient ou non géniteurs, une foule de devoirs et d'emmerdements en perspective, et aussi du bonheur, heureusement. Mais parler de « droit à l'enfant » comme de droit aux prestations sociales quand on est malade ou chômeur m'énerve, aussi bien pour les hétéros que pour les homos, trans, bi...

Cette volonté, sous prétexte d'égalité, d'uniformiser les façons de vivre et les modèles familiaux est terrifiante. Parce qu'elle sous-entend que sans enfants, au fond, on n'est pas tout à fait accompli. Ce qui marginalise aussi bien les femmes qui ne désirent pas enfanter que les couples stériles ou les couples homosexuels qui par définition ne peuvent enfanter sans assistance médicale. Les tenants de PMA vont se réjouir : un énorme marché s'ouvre ! Les PMA réservées au cas de stérilité avérés étaient insuffisantes pour être financièrement juteuses. C'est ainsi que j'ai vu de plus en plus de filles se faire inséminer après quelques mois seulement de désir d'enfant alors qu'on sait qu'à moins d'un an de rapports réguliers infructueux on ne peut parler de stérilité. J'ai engueulé une consœur qui s'était faite avorter trois fois pour convenances personnelles (pas envie... pas le moment...) et qui a eu recours à la PMA quand à 36 ans elle s'est décidé et a découvert qu'elle était moins fertile. Toutes ces dérives qui, du remède justifié de la stérilité, sont passées à l'enfant « à la demande »puis à la marchandisation de l'enfant sont là encore des histoires d'argent, pas d'amour. Car si on a envie d'aimer et de vivre avec un enfant, il en existe beaucoup dont il suffirait d'élargir les possibilités d'adoption pour pouvoir les rendre heureux.

Cela étant, si j'étais députée, je voterais évidemment pour le mariage pour tous. Mais tant qu'à modifier la loi, j'en profiterais pour dépoussiérer le texte et édicter non pas que « Les époux se doivent mutuellement fidélité, secours et assistance », mais que les «époux se doivent mutuellement loyauté, secours et assistance ».

C'est peut-être un détail pour vous, mais pour moi, ça veut dire beaucoup : ça veut dire que l'on renoncerait à cette appropriation de l'autre qu'est l'exclusivité sexuelle (sous-entendue dans le terme « fidélité ») et que l'on renoncerait au mensonge, que la loyauté exclut.

 

 

 


 


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30 janvier 2013 3 30 /01 /janvier /2013 20:11

Du temps que j'étais élève à l'ENST, École Nationale des Services du Trésor, éminente fabrique d'Inspecteurs du même nom, futurs percepteurs et Trésoriers payeurs, nous avions des cours destinés à inculquer dans nos âmes juvéniles le sens du service public : servir l'Etat et les collectivités locales et non les intérêts privés, assurer la continuité du service public et l'égalité des citoyens: ça devait marcher tout le temps et pour tous.

SW light 2Pour illustrer cette noble mission, on nous citait des exemples vécus dont les plus âgés d'entre vous se souviennent sûrement : les agents d'EDF-GDF annulant leurs vacances d'hiver pour venir rétablir le courant ou le gaz chez les usagers -pas encore des « clients »- privés d'énergie du fait d'une tempête de neige. Les personnels des hôpitaux publics faisant la grève sans interrompre le travail, avec juste un brassard « en grève », qui leur faisait perdre une journée de salaire alors qu'ils bossaient comme d'habitude, l'institutrice attendant jusqu'au soir à l'école que les parents d'un élève daignent venir le chercher.

Mais notre histoire préférée était celle « d'Ifi la ficelle Paris », absolument authentique.

postiers2.jpgUne lettre était arrivée dans un bureau de poste du 9ème arrondissement, avec la mention « M. Mohammed Benmachmoud (je réinvente le nom, je l'ai oublié), Ifi la ficelle, Paris 9ème.

Perplexe, le préposé interrogea chacun de ses collègues sur cette adresse incompréhensible, jusqu'à ce qu'un collègue Algérien, lui dise : « Ben oui... Ifi la ficelle... il bosse dans un bar comme plongeur. » Ifi la ficelle, c'était « Il fait la vaisselle », avec l'accent de là-bas.

Subjugué et obstiné, le facteur fit le tour des bars du quartier en demandant s'il n'y avait pas un plongeur du nom de Mohammed Benmachmoud. La chance fut avec lui, il le retrouva en trois jours et lui remit la précieuse lettre. « Normal , dit-il, c'est mon boulot. »

poste.jpgIl y a deux mois, une enveloppe d'expédition de livres d'Autres Mondes m'est revenue vide, réexpédiée par la Poste. Si elle l'avait réexpédiée vide, c'est qu'elle l'avait trouvée dans ses bureaux ou au centre de tri. Mais où était passés les livres ? Réclamation déposée, lettre immédiate du service « clientèle Pros » m'assurant que tout allait être mis en œuvre pour élucider le mystère, seconde lettre dix jours plus tard pour m'informer qu'une enquête était en cours, et troisième lettre un mois plus tard pour me dire que la recherche n'avait pas abouti et qu'aucun dédommagement n'était dû puisque l'envoi n'était ni en recommandé, ni assuré. « Veuillez trouver ci-joint nos tarifs d'assurance » fut la conclusion de ce « suivi clientèle ».

Hier, retour d'un livre expédié le 4 décembre vers Bruxelles. Sept semaines pour me renvoyer un livre alors que l'adresse d'Autres Mondes figure toujours au dos des enveloppes, c'est surprenant. Le motif de non-distribution l'était encore plus : adresse incomplète. Il y avait pourtant le nom du destinaire, le nom de la rue, le numéro de l’immeuble, le code postal et la ville: Bruxelles. J'ai mis quelques secondes à réaliser que l'incomplétude était d'avoir oublié d'écrire « BELGIQUE ».

Je ne ferai pas l'injure aux salariés du tri de penser qu'ils ignorent que Bruxelles se trouve en Belgique. C'est juste que le tri est désormais fait par des lecteurs optiques qui, eux, ne connaissent pas la géographie. Tout comme les correcteurs orthographiques ne savent pas tout et vous proposent « potable » si vous écrivez « bootable », et « polyamine » à la place de « polyamour ».

Cela étant, le cerveau commandant la main humaine qui a collé l'étiquette de retour à l’expéditeur et inscrit la mention « adresse incomplète » devait savoir, lui, que Bruxelles est en Belgique. Mais il s'en foutait.

Alors les gens persuadés que privatiser un service public est gage de qualité et d'efficacité me font d'autant plus rire que j'ai déjà écrit, ici, que les fonctionnaires ont également des qualités que le stress de la compétition économique ne permet pas de cultiver !

 

baiser_rodin.jpg

 


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19 décembre 2012 3 19 /12 /décembre /2012 23:10

« Là n'est pas la question ». C'est un sentiment énervant, de plus en plus fréquent à l'écoute ou la lecture des merdias. (je veux dire medias, mon clavier lapsuce et j'adore !.)

 Gérard Depardieu, l'homme « qui pète souvent» comme le rappelle François Morel est un joyau de la culture française, ont psalmodié en chœur ministres et commentateurs. Et alors ? La question n'est pas là. Certes, c'est un bon acteur, mais des dizaines de bons acteurs- Laurent Terzieff, Fabrice Luchini, Philippe Torreton...- étaient ou sont tout aussi talentueux sans pour autant fuir à l'étranger alors même que cela doit les ennuyer autant que vous et moi de payer des impôts. De plus, la fortune de Depardieu provient en grande partie d' intérêts qu'il possède dans moult sociétés n'ayant rien à voir avec le théâtre ou le cinéma.   OK, il a le droit d'être un homme d'affaires, mais pourrait nous épargner l'indécence de se poser en victime.

picsou.gifLa vraie question, qui ne touche pas que Depardieu, est celle d'un revenu maximal acceptable. Question régulièrement soulevée par des organisations de gauche ( de vraie gauche) mais également par de nombreux économistes, y compris libéraux, qui savent qu'au delà d'un rapport de 1 à 40 entre les revenus (on en est à plus de 1 à 400 en France), on crée un déséquilibre social pouvant engendrer des troubles sociaux. Mais cette question est soigneusement occultée par les gouvernants successifs de peur qu'on leur reproche de « ne pas aimer les riches et de faire fuir les entrepreneurs, les créateurs d'emplois et les artistes ». Comme si seuls les gens riches étaient talentueux ! Pourtant il existe en France des milliers de chefs d'entreprise, artisans, artistes, sportifs, commerçants... qui vivent de leur métier sans excès de fric et créent bien plus d'emplois et de richesses que les fortunes précitées. Sans parler des médecins hospitaliers et du personnel soignant, des chercheurs scientifiques si mal rémunérés, des éducateurs, dernier rempart contre la violence dans certains quartiers, des boulangers qui se lèvent à 5h du mat' pour qu'on puisse manger des croissants à 7h, des conducteurs de métro qui passent leur vie sous terre avec l'angoisse de croiser le regard d'un futur suicidé, des agents EDF qui grimpent de nuit au sommet des pylônes HT verglacés pour rétablir le courant en cas d'avarie hivernale... tous ces gens là ont une utilité au moins aussi grande qu'un Depardieu dont le seul hôtel particulier à Paris (mis à prix 50 millions d'euros) permettrait de payer 2800 personnes au SMIC pendant un an, cotisations sociales comprises.

capitalisme-malade.jpgJuger l'exil fiscal minable ? Pourquoi pas, mais là n'est pas la question. La vraie question est : « Pourquoi se lamenter sans rien faire alors que la solution existe et marche très bien aux Etats-Unis. Un citoyen américain qui s'installe dans un autre pays paye ses impôts dans cet autre pays... et doit verser au Trésor américain la différence- s'il y en a une- entre l'impôt acquitté dans le pays d'accueil et l'impôt qu'il aurait dû acquitter s'il était resté aux Etats-Unis. Du coup, plus d'exil pour des raisons fiscales, et cette disposition n'a pas empêché moult américains d'aller à l'étranger et moult étrangers de venir aux USA. Pour le faire, il suffit de le décider. C'est une constante en politique: il suffit de décider, comme l'a fait l'Islande. Les prétendues contraintes de « la règle d'or » et du Pacte européen n'ont rien d'immuables, elles pourraient être abolies par ceux là mêmes qui les ont mises en place... Il suffit de voir comment par le passé des dettes publiques ont été effacées d'un trait de plume sans que pour autant la face du monde en soit bouleversée.

Tout autre sujet, le mariage pour tous me rappelle furieusement la levée de boucliers d'à peu près les mêmes opposants au moment du vote de la loi autorisant l'avortement. « C'est généraliser le laxisme sexuel, c'est la fin de nos valeurs, etc, etc. » Plus l'argument cul pincé de certains affirmant : « J'ai beaucoup d'amis gays qui n'ont aucune envie de se marier. »

gays.jpgLà n'est pas la question, nul ne les y forcera, et c'est la grande différence entre une loi qui interdit et une loi qui autorise. Une loi qui interdit le mariage gay, la contraception ou l'avortement met en infraction toute personne qui y contrevient. En revanche, une loi qui autorise le mariage gay, la contraception et l'avortement ne force personne. Libre aux homosexuels de rester célibataires ou pacsés- aux hétéros, bi et trans également- et à qui le veut de ne pas contracepter ni se faire avorter. Question de choix personnel en fonction de son histoire, de sa réalité et de ses convictions. La loi qui interdit enferme dans un modèle, la loi qui autorise ouvre les possibles. En Belgique, le mariage pour tous a été voté caresses.jpgsans le moindre remous. En France, ce ne sont qu'anathèmes et prédictions apocalyptiques sur le devenir des familles. Ça me rappelle ce bon Michel Debré s'écriant lors du vote de la loi autorisant la pilule en 1967 : « La contraception doit avoir ses règles », phrase restée fameuse au panthéon de l'humour involontaire. A l'époque, le parti communiste était également opposé à la contraception, considérée comme une manœuvre pour empêcher la classe ouvrière de se multiplier (comme si l'autorisation de la pilule allait obliger toutes les ouvrières à la prendre...) et permettre aux bourgeoises de se livrer à leurs mœurs forcément dépravées. Si, si, il y a des compte-rendus de débats parlementaires croquignolets sur le sujet. Résultat des courses : la pilule et les autres contraceptifs ont libéré les femmes mais ne les ont aucunement rendues dépravées. Les françaises restent par ailleurs les meilleures pondeuses d'Europe, avec un taux de natalité supérieur à 2.

On aime les conflits dans ce pays. Opposer le livre papier à l'e-book alors que la question n'est pas là, mais plutôt celle de la place de la lecture dans l'éducation et la formation de l'esprit critique. Opposer la monogamie aux amours plurielles, alors que la question n'est pas de remplacer l'un par les autres mais d'ouvrir là encore les possibles au lieu de s'enfermer dans un seul modèle qui casse une fois sur trois. Opposer les scientifiques progressistes aux écologistes alors que la question, cruciale, est de trouver des solutions aux problèmes écologiques, solutions qui se trouveront pour une part dans les progrès de la science et pour l'autre dans notre capacité à modifier notre mode de vie. Ce qui ne signifie pas revenir à la bougie, mais diversifier nos énergies, nos modes de consommation, nos modes relationnels. Là encore, ouvrir les possibles...

C'est tout le bien que je vous souhaite après la fin du monde:)


 

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